Le regard de peintre que je porte sur le monde a investi entièrement mon existence. Je l’ai voulu simultanément profond, pénétrant, sélectif, pour au bout du compte, le choisir virginal : un regard nu, dépourvu de préjugés du savoir. Ce regard m’aide à déceler la beauté où qu’elle soit.
J’ai peint ce corps car il m’évoque la beauté éblouissante et pudique de la femme. C’est ce regard virginal qui a proclamé que c’était cet instant qui était à peindre. Ce n’est pas le peintre qui a fait prendre la pose à une poterie humaine. Ce nu rayonne de manière intemporelle.
Perdons ce regard, et nous nous affranchirons de la beauté. Ne sera beau que ce l’on nous imposera. Alors, nous confondrons la beauté et le luxe, le soleil et le feux d’artifice, les chevaux et les voitures.
La beauté nous délivre de l’enlisement de la monotonie grise du quotidien et nous porte à une élévation spirituelle. Elle exacerbe les sens en décuplant leur acuité. S’entourer de beauté nous aide à surmonter l’âpreté de la réalité et permet de construire un désir authentique. Les épreuves ne seront plus insurmontables, la dépression ne sera plus un destin.
La force inépuisable de la nature se révèle par la beauté et, si ce regard virginal la cristallise dans l’aquarelle, il en fait de même pour cette force. Elle se diffuse à travers le sujet en une vibration permanente.