L’eau descendit des montagnes, doucement d’abord, puis au fur et à mesure, prit de la vitesse en rencontrant d’autres eaux qui venaient aussi de la montagne. Elle coula au même endroit pendant des millénaires et usa le minéral qui se laissa faire.
Elle devint Dordogne.
D’abord blanche et opaque, elle se fit bleue et cristal. Dès lors, les rayons du soleil effleurèrent les galets et la magie opéra.
Ainsi, au détour du rocher, là où le courant massif attaque le calcaire, l’eau créa la truite. Au début, ce n’était qu’une vision fugitive, une lame acérée d’eau au-dessus du gravier qui apparaissait et disparaissait au rythme des turbulences. Elle emprunta la couleur du sable conjuguée à celle du soleil qui filtrait et se suspendit dans l’eau avec l’aisance de l’eau. Des cascades imprimèrent sa robe de rubis, de poudre d’or, d’améthyste et de topaze. Son corps aima le courant et la rivière aima ce corps et le renouvela. C’est ainsi que la truite devient l’esprit de la Dordogne.