A mon sens, peindre, c’est la mise en œuvre de l’imaginaire conjugué à la créativité. Cela concerne en premier lieu le regard. On peut regarder sans voir. Voir, en peinture, c’est d’abord apprendre à s’émerveiller d’un petit rien : le mauve d’une minuscule fleur, la douceur de la mousse d’un tronc, la lumière d’une goutte de rosée sur un fil, le profil d’un visage nouveau. Ce petit rien, c’est un grain de beauté et lorsqu’il germe, il éclaire le monde environnant. Un jour nous comprendrons comment la force de la beauté a permis à l’homme d’avoir pu en tout temps surmonter le « pire ».
Le sujet d’un tableau se manifeste de lui-même plus que je ne le choisi. Il va naître d’un détail, d’un signe, un peu comme un appel. Je ne peins pas comme j’irais au cinéma ou faire une randonnée. Je peins en réalité sans cesse, attentif à cette sorte d’étincelle qui va décider de la mise en pratique de l’aquarelle. Le sujet d’un tableau contient une énergie vitale qui doit surgir dans l’œuvre. C’est pour cela que l’on ressent du plaisir en regardant une telle composition.